Dans l’univers feutré de la macro-photographie, Magali Aujoulat cultive une démarche aussi intime que lumineuse. Son histoire photographique s’enracine dans l’enfance, lorsque, fascinée par l’argentique de son père, elle découvre la magie du laboratoire et la surprise de chaque tirage. Cette initiation, empreinte de complicité et de curiosité, façonne un regard singulier : celui qui s’attarde sur le détail, la texture, la vibration du vivant.
L’élément déclencheur de sa passion fut la découverte, presque fortuite, des possibilités du crop numérique. En testant un compact offert par son père, Magali réalise qu’une image peut révéler une infinité de mondes cachés, sans sacrifier la qualité. Cette révélation la propulse vers la macro, où chaque pétale, chaque cristal de givre devient un territoire d’exploration sensorielle.
Son approche est résolument spontanée. Magali ne cherche pas à imiter ni à s’inscrire dans une filiation photographique. Si le livre “Écorces” de Cédric Pollet l’a touchée, c’est avant tout la connexion directe avec la nature qui guide son œil. La photographie devient pour elle une forme de recharge, un acte de bien-être, presque méditatif, où l’appareil n’est qu’un prolongement du regard.
Exposer n’a jamais été un but en soi. Sa première exposition, avec le Club Photo de l’Espoir Pessacais, puis aujourd’hui avec Objectif Déclic, relève davantage de l’opportunité que d’un rêve poursuivi. Son travail reste avant tout intimiste, destiné à partager une émotion plus qu’à séduire un public. Elle confie d’ailleurs : « Je ne cherche pas à plaire mais si mes photos peuvent procurer de la joie à quelques personnes alors c’est tout bénéfice. Sinon ce n’est pas grave, l’essentiel étant ma satisfaction à être arrivée jusque là. »
Son style ? Magali le qualifie de coloré, simple et authentique. Peu de post-traitement : elle privilégie la fidélité à la lumière naturelle et à la richesse des végétaux, ses sujets de prédilection. Sa série « Givre au jardin » en est le parfait exemple : des images réalisées lors de deux matinées glaciales, dans l’intimité de son jardin, où le givre sculpte la matière et sublime l’ordinaire.
Son matériel : un Canon EOS 600D couplé à un objectif macro 100mm f/2.8. Ce choix technique s’inscrit dans une volonté de proximité, d’immersion dans le sujet, pour mieux capter ce que l’œil nu néglige souvent.
Pour Magali, une bonne photo est celle qui suscite une émotion positive : esthétique, surprise, curiosité ou amusement. Elle revendique une forme de lenteur, presque contemplative, dans sa pratique. C’est dans la familiarité de son environnement qu’elle trouve sa plus grande liberté créative, loin du spectaculaire, pour « révéler le beau dans l’anodin, dans ce que l’on oublie de regarder tant c’est proche de nous et habituel. Rouvrir des yeux plus grands, plus attentifs, plus disposés à être émerveillés… »
Sa philosophie photographique, toute en humilité et en sincérité, invite à une redécouverte du quotidien, à une attention renouvelée à la beauté du monde, là où il se donne sans bruit. Un regard qui, loin de l’esbroufe, fait de la photographie un art de la présence et de l’émerveillement partagé.